Publié le 18 novembre 2022

Dans l’une des charmantes maisons à l’entrée du village de Saoû, se trouve l’Uttapam : un atelier-expo tout particulier.

Vue sur la forêt de Saoû à l'entrée du village

L'Uttapam

Les montagnes fantastiques de Saoû les ont accueillis, avec leurs univers, comme s’ils s’en étaient toujours inspirés.

L'Uttapam à SaoûAprès avoir franchi le portail et la petite allée sous le tilleul, on se trouve dans un cabinet de curiosités et galeries qui rassemble le travail d’un couple d’artistes : Muriel Moreau et Didier Hamey, où l’art de la gravure y a toute sa place. 

 

Cette technique de création graphique par incision d’un support se réalise à l’aide d’un stylet qu’on appelle « pointe sèche ». La plaque ainsi gravée sera ensuite encrée puis imprimée par le poids d’une presse sur le papier. En règle générale, la plaque gravée permet d’être encrée de multiples fois, selon sa rigidité et durabilité, pour ainsi dupliquer les tirages, et imprimer plusieurs œuvres à partir d’une même gravure ; Des œuvres bien distinctes néanmoins puisqu’on peut faire varier les encres, les couleurs et les tonalités du papier d’impression : papier bistre ou pré-peint,… 

à partir de cette technique de base, nos deux acolytes empruntent des chemins originaux bien distincts, et nous emmènent dans leurs univers respectifs. Muriel Moreau passe par le support raffiné de la plaque de cuivre préalablement vernie par un bitume de Judée. L’incision de la pointe sèche sera ensuite approfondie par un bain de perchlorure de fer afin d’entailler plus profondément le travail de dessin. C’est la technique de « l’eau forte ». Son univers, tout en détail et subtilité, nous emmène au cœur d’un monde vivant inspiré de la nature et de l’infiniment petit.      

L'Uttapam Des éléments qui nous rappellent parfois des mousses, lichens et plantes grasses sur certaines pelouses sèches ou rochers, ou certains massifs animés des fonds marins… D’ailleurs le thème des coraux prend aujourd’hui du volume dans le travail de l’artiste, mis en scène avec des œuvres en céramique et des créations textiles. Un travail autour de notre lien au vivant et un parallèle avec le corps qu’elle développe également au travers de la sculpture ou de films en super 8.

 

Lors de la visite, je suis accompagné par Didier Hamey Nous sommes transportés dans un tout autre monde peuplé d’êtres et de créatures cachées qui peuvent nous sembler étrangement familières. Certaines nous soutiennent du regard et par là nous ouvrent des passages cachés dans la toile. N’avancez pas trop ou vous serez happés ! Des rappels à des personnages de contes, dans lequel le sauvage est mis en valeur et prend des airs fantastiques. On aboutit à d’immenses tableaux où le regard se perd dans la subtilité des détails et se noie dans les velours de noir, qui, par contraste, laissent apparaître la lumière.

Fort d’un parcours éclectique dans l’art contemporain, Didier Hamey est un expérimentateur, et crée à partir de supports en tout genre. Les plaques de cuivre étant « un peu trop » précieuses pour se laisser pleinement aller à la créativité, il rencontra vraiment la gravure avec le support de plexiglas, qui lui a permis de se lancer dans des expérimentations fertiles. Il travaille à la loupe pour affiner progressivement chaque détail, avant d’encrer le tout pour passer aux impressions. Il aime également « pêcher des trésors par terre » pour donner vie à des créatures fabuleuses qui habitent les recoins de la salle d’exposition.

Didier Hamey fait partie de ces artistes inspirés qui recherchent les bienfaits créateurs du temps long. L’artiste aime travailler par touches, qui peuvent s’étaler sur plusieurs mois, voire des années…« Quand le dessin ronronne un peu, je me fais un crochepied ! Lorsque mon trait « dérape », je me pose pour laisser venir ce que j’en fais … je me sers de cette « maladresse » pour aller dans un chemin surprenant et enrichissant. » 

C’est d’ailleurs ce qui pousse constamment Didier dans son travail d’artiste qui ; depuis le confinement, nous invite à la légèreté avec une nouvelle variation florale et colorée dans les tons rosés avec des retouches à l’aquarelle. Les montagnes fantastiques de Saoû les ont accueillis, avec leurs univers, comme s’ils s’en étaient toujours inspirés. Une variation légère et fantastique des attraits invisibles de la forêt de Saoû que leur travail illustre admirablement. Alors n’hésitez pas à pousser la porte de l’atelier pour prolonger votre balade en forêt…

L’ atelier l’Uttapam  : propose des stages d’initiation et de perfectionnement en gravure taille douce : au printemps et au mois de juillet sur une période de 5 jours (places limitées à 3 personnes). Adresse : 40 Route de Crest, 26400 Saoû. Visites sur RDV : 06 19 32 54 99.

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